TinyScrollBar test
codage par lysdoria hermington de golden krone ©
you hear my voice, your hear that sound
« Allez, en avant pour une bonne journée. Il faudrait que je pense à me reposer, j'ai des cernes horribles avec tout ça. Hum. »

Vous êtes-vous déjà réveillé en vous disant que la journée que vous vous apprêtez à vivre risque d'être à l'identique de celle qui la précède ? Moi, c'est l'étrange sentiment que j'ai sur l'instant.

« T'as vu qu'il y a un changement sur l'emploi du temps de notre classe ? » gros yeux. « Un changement. Comment ça un changement ? Normalement les changements se font par notre biais, puisque nous négocions pour- ah d'accord. Ah d'accord, alors en fait j'ai l'après-midi de libre. C'est fâcheux. Très fâcheux. » petite grimace au passage. « Mais c'est génial tu veux dire ! On va pouvoir souffler pratiquement un jour par semaine en plus du week-end... tu demandes quoi de plus ? » c'est qu'à force d'avoir des jours de pause, nos cerveaux vont finir par ramollir et on risque de ne plus en tirer grand chose. « On aurait dû avoir un test de compétence à seize heures, pour nous classer dans les différents groupes de niveau... tu te souviens ? On est tous les deux en forme, c'était le bon moment. Et puis bon, pourquoi toujours chercher à reculer pour mieux sauter ? C'est une perte pure et simple de temps. Voilà. N'oublie pas de remettre les deux dossiers dans le casier du professeur Snogglinf, sinon on va encore avoir une scène de ménage du diable. » je roule des yeux et m'empare de mes affaires, sortant ensuite du bureau pour m'engager dans les longs couloirs. « Mademoiselle Hermington, bonjour ~ » un regard sur le côté et je devine le très élégant Antoine de la Bavière. Antoine. Soupir. Quel... quel... hum comment dire... quel... étonnant spécimen. « Antoine. » un petit moment d'hésitation et me voilà en train de refermer la porte du couloir que j'allais emprunter. « Quelle surprise ! » rire nerveux. « C'est que ça fait un baille qu'on ne s'était pas croisés, je pensais que tu avais quitté l'établissement ! » l'art d'essayer de zapper une discussion clairement chiante n'est pas donné à tout le monde. Pas que j'ai les hommes en horreur, mais la plupart du temps, ils se montrent plus lourds qu'autre chose, bizarrement. Regardez Antoine, c'est le cas typique du garçon qui cherche à se faire toutes les filles qui passent, tous les genres possibles. Si si, ça existe vraiment ! Intéressé en politique. Membre d'un syndicat. Responsable d'une radio. C'est que ça commençait plutôt bien, non ? Bah non. « Non, je suis juste très occupé et très pris ces derniers temps, on ne me laisse pas une seconde. » ah oui, ce qu'il faut savoir aussi, c'est que vous pouvez avoir l'emploi du temps le plus chargé du monde... c'est toujours lui qui sera le plus blindé de la Terre. « Entre les conférences, les réunions pour les chroniques, les enregistrements et les campagnes électorales à caser, ça en fait du monde. Et... toi ? Tu te la coules toujours aussi douce ? » ne pas s'énerver, c'est le secret du bonheur. Serrant un poing discret derrière mon dos, je lui adresse l'un de ces doucereux sourire dont j'ai le secret. « Quelle vie trépidante, je t'envie, c'est incroyable tout ce qui t'arrive ! » soyons amies, l'hypocrisie et moi, pour une fois. « Non moi bah tu sais, quelques petits papiers par ci, d'autres par là, des cours à suivre et puis des dossiers à contrôler. Ah, des finances à passer au peigne fin aussi. Mais non, pas trop occupée, ça va. » ... espèce d'idiot. « Oh, mon dieu ! » regard faussement étonné sur ma montre. « Je parle, je parle et j'en oublie qu'il faut que j'aille voir les responsables des clubs ! Allez, à plus tard ~ » je ne lui laisse pas le temps de répondre ou de me retenir et dévale les escaliers à toute vitesse, manquant par la même occasion de coincer l'une des lanières de mon manteau à la rambarde. « Merde ! » mais que m'arrive t-il à jurer de cette façon ? Ce n'est pourtant pas dans mes habitudes, mais depuis la rentrée je bats des records. Je pense qu'il est temps pour moi de faire une petite pause, de me retrouver seule avec moi-même. L'endroit idéal existe.

Non. Non, pas du tout. Il ne s'agit ni du parc, ni du maid-coffee ni même de la piscine, mais bien... de l'ancienne chapelle. C'est comme un besoin permanent de se ressourcer là-bas, une addiction. La paix entoure ce lieu et ne peut que nous transmettre cet apaisement dont il est le seul et unique maître. Longeant les quelques bâtiments qui me séparent de cette bâtisse sacrée, je me fais toute discrète, histoire d'être sûre d'être seule, de pouvoir fusionner avec la quiétude de l'étendue. Les murs fissurés de la chapelle sont en permanence recouverts de belles fleurs rouges et violettes dont j'ignore totalement l'appellation. Une faible mélodie résonne dans ma tête et c'est en silence que je m'approche de la porte d'entrée. C'est une main hésitante qui se pose sur la poignée, une main quelque peu tremblante. Un lieu chargé de tant de souvenirs, de tant d'émotions, que l'on arrive à en avoir du mal à en profaner la solitude. Il n'est pas interdit d'y entrer, mais on raconte qu'avec les années elle se dégrade de plus en plus et qu'il est donc peu conseillé de s'y aventurer: je n'ai pas envie de me plier aux règles aujourd'hui, fort dommage. Pousse la porte du lieu de tous les péchés.

Magnifique. C'est le premier mot qui me vient à l'esprit lorsque j'ose poser les pieds en ces terres. L'une de mes mains effleure la paroi d'entrée et je me décide au bout de quelques secondes à m'avancer au milieu des rangées. Comme c'est majestueux. Comme c'est élégant. Je me laisse aller l'espace d'une seconde et ferme les yeux, m'imaginant dans l'une de ces robes de mariée que l'on trouve chez les plus grands couturiers. Une vraie vie de princesse. Nostalgique pourtant, c'est assez rapidement que je redescends sur terre, m'abaissant pour prendre place sur l'un des bancs, le dépoussiérant d'un bref revers de main. La femme de ménage ne doit pas trop aimer passer dans le coin. Attentive, je reste à fixer le grand autel. M'imaginant toujours la robe de mariée sur le dos, j'entends les chants alentours, y vois déjà ma famille aux premiers rangs, imagine la fierté que cela doit être de se marier avec Nathaniel. Hum ? Triste retour à la réalité, pour la deuxième fois. Mais qu'est-ce que je vais imaginer moi... ce blaireau et moi, jamais de la vie ! Un doigt distrait vient se perdre au niveau de mon coeur, tombant pile sur le chapelet que je porte quotidiennement. Pourquoi s'en cacher ? Il n'est pas très bien vu de faire état d'une religion dans un lieu public et encore moins dans une école, aussi privée puisse t-elle être. Faire mention de sa religion revient à ouvrir une guerre incessante et ça, en tant que Présidente du Conseil des Elèves, je ne veux pas. Cette petite croix autour du cou porte en elle tous mes espoirs. La famille Hermington est aussi connue pour ses fortes croyances et bien que l'on ne me taquine jamais ici avec ce sujet délicat, je redoute un peu les réactions d'inconnus. Peu de personnes en cette académie savent que je pratique. La religion anglicane est sans doute la plus tolérante de toutes... enfin du moins, c'est ce que je crois moi.

Penchée sur le devant du banc, je fixe dès à présent les vitraux, caressant la longue tresse qui retombe le long de mon épaule. Du bruit. Il y a du bruit à l'extérieur. Ayant oublié de fermer les portes derrière moi, je me redresse et file vers ces dernières. Je passe la tête dans l'ouverture et jette un coup d'oeil à gauche et à droite. « Hum... ? » ... suivre d'un petit 'il y a quelqu'un ?' n'aurait sans doute pas été de trop.