Mon histoire commence avant même que je ne naisse, voici ce qui s’est passé avant ma naissance et que quelqu’un m’a un jour raconté…
Ma mère, Maria Vilar était une jeune fille de bonne famille ; fille unique, elle était à ce qui semblait très chouchouté par ses parents, qui la voyaient comme un enfant prodigue, douée dans tous ce qu’elle entreprenait.
« Mes grands-parents maternels », qui étaient les principaux exploitants viticoles de la vallée du Douro, étaient considérés comme les bienfaiteurs de la région, apportant prospérité et richesse aux habitants, en exportant le vin de Porto dans le monde entier et tout particulièrement en Angleterre.
Lors d’une énième réception dans la demeure des Vilar, ma mère alors âgée de 16 ans eut l’idée de finir la fête dans le lit d’un des quelques anglais, invités pour l’occasion ; ce n’était pas la première fois, car même si Maria était vue comme une enfant bénie des dieux par ses parents, ses amis savaient qu’elle aimait s’amuser et faire des folies dès qu’elle le pouvait et comme il n’y avait jamais de conséquences, rien ne l’arrêtait…hors cette fois-là, j’étais de la partie.
Je voie le jour, le 9 février 1989 dans LA maison secondaire la plus éloignée qui soit en la possession de mes « grands-parents ». 
Fin des années 80, le Portugal était encore un pays très conservateur du fait de sa récente sortie de dictature. Les enfants hors mariage étaient donc tabou et l’avortement encore plus ; ma mère avait alors, sur ordre de ses parents, quittée la demeure familiale pour me mettre au monde loin des regards de la société. Seuls le majordome et les trois bonnes attitrés à cette maison eurent connaissance du secret de ma naissance, accompagnant ma mère et l’aidant du mieux qu’ils le pouvaient. Autant vous dire, que l’image d’enfant prodigue que ses parents avaient d’elle, avait été détruite…
Je ne connais pas la suite de son histoire, car quand je vis le jour elle n’eut même pas le cran de me prendre dans ses bras, voyant qu’il me manquait un bras, et repartit comme si de rien n’était, me laissant aux soins des domestiques. 
Etait-ce de la bonté ou de la pitié ? Je ne le saurais jamais, car seul un bracelet qu’elle portait à son arrivée et qu’elle laissa près de mon berceau, me prouve qu’elle a bien existée.
Vu comme un pestiféré par les gens du village, les domestiques me firent travailler dans la demeure, dès mon quatrième printemps et ce jusqu’à mes six ans, pour me cacher aux yeux des villageois.
Lors de ma sixième année, un homme ami de longue date du maître de maison par intérim, vint nous rendre visite et fût la première personne du monde extérieur que je connus et qui n’eut pas peur de moi. C’est lui d’ailleurs qui voyant comment j’étais traité, décida de m’emmener avec lui en Angleterre, où il demanda la permission à ses employés de me prendre sous son aile. 
Lady Kelvin accepta de suite et me baptisa Rui Vane, car ceux qui m’avaient à leurs charge n’avaient pas pris le temps de le faire ; Rui pour mes origines portugaises et Vane car c’était le nom de celui qui m’avait amené à elle. Sous sa protection, je fus nourris, logé, soigné (elle m’acheta ma prothèse) et même scolarisé, tout en aidant M.Vane dès qu’il en avait besoin. Jamais je n’avais vécu aussi heureux découvrant tous les jours de nouvelles choses…
19 ans se sont maintenant écoulés, pendant lesquels je suis resté au service de lady Kelvin et de sa famille. M.Vane se fait vieux et souhaite que je le remplace ; Lady Kelvin a donné son accord mais à une condition que j’obtienne un diplôme de qualifications, prouvant que je suis apte à succéder à mon prédécesseur. Ce dernier m’a alors parlé Golden Krone, où j’ai décidé de m’y inscrire pour devenir le domestique digne de la famille qui m’avait recueillie…