« souvent naît l’espoir quand tout est perdu »

Les allées de la bibliothèque furent remplies à mesure que la cloche sonnait, signifiant ainsi la fin des cours de l’après-midi, et de la journée par la même occasion. Même si la plupart étaient des étudiants ou des lycéens, tous se faufilaient entre les rayonnages, un livre voir plusieurs à la main. Si le silence était absolu ici, il ne l’était pas vraiment au centre de la bibliothèque où les tables et les chaises étaient au fur et à mesure prises d’assauts. Si on tendait l’oreille, on pouvait toujours entendre un chuchotement ou un murmure qui provenait de là. Des voix amusées, parfois énervées et les chuuut étaient l’âme même de la salle.

Perdu au fond de la bibliothèque, une table, pas bien grande, se démarquait des autres. Pas par le nombre de personnes qui étaient assises autour – il n’y en avait qu’une – mais plutôt par la – ou devrais-je plutôt dire les piles – pile, immense, qui trônait en son centre. Pas le moins du monde déstabilisée par le remue-ménage ambiant, celle-ci continuait cependant de tanguer dangereusement, oscillant de droite à gauche, puis de gauche à droite, comme si elle cherchait le meilleur côté pour tomber. Une main parfois apparaissait pour la remettre dans le droit chemin, pour disparaître aussitôt derrière elle. Si quelques personnes frôlaient la table, la pile émettait des petits tremblements sans pour autant se désagréger. Mais lorsque quelqu’un se cogna contre la table, ébruita un aïe convainquant et partit tout aussi rapidement qu’il était arrivé, l’amas de livres se mit à tanguer plus que dangereusement. Il s’effondra à moitié, les livres volant dans tous les sens, tombant par terre, s’ouvrant sur la table, se dispersant un peu partout dans un rayon de deux bons mètres.

« Nan, nan, noon ! »

Le cri sorti quasi instantanément et le silence s’installa alors que le dernier livre venait de tomber sur le sol, faisant un bruit de bateau à vapeur. Toujours assis sur sa chaise, Elin avait les mains désespérément tendues à l’endroit où quelques instants auparavant s’était tenus ses livres. Il regarda ses mains, puis les livres qui étaient à terre. Tant que j’y suis, j’aurai dû m’amuser à mettre une pancarte du genre : « S’il vous plaît, veuillez pousser la table pour que les livres puissent tomber. » Ça m’aurais évité cette désillusion de pouvoir les rattraper pendant qu’ils dégringolaient … Un soupir franchit la barrière de ses lèvres avant qu’il ne se baissa pour récupérer les bouquins étalés un peu partout. Il les cala dans ses bras, avant de tout redisposer sur la table. Et quel est l’idiot qui m’a demandé des infos supplémentaires sur cette plante ? Un élève avait eu la merveilleuse idée, un peu plus tôt dans la journée, de lui poser quelques petites questions détaillées sur une plante de son pays, et dont déjà il ne se rappelait plus le nom. Il lui avait promis de faire des recherches dessus, mais il n’avait pas pensé une seconde qu’il serait aussi compliqué que ça de trouver des réponses dans les livres de la bibliothèque. Celle de Lund aurait été bien mieux …